Vivre et partager les foires agricoles et pastorales au cœur de nos vallées alpines

4 juillet 2025

Les foires agricoles et pastorales : petites mécaniques essentielles du cœur alpin

Toutes les régions de montagne entretiennent une relation viscérale avec leurs foires agricoles et pastorales. Ces rendez-vous, ancrés dans la tradition, restent plus que jamais des moteurs de la vie économique, sociale et culturelle. Dans la vallée de Belleville comme dans l’ensemble des Alpes du Nord, ces foires rappellent que l’agriculture et l’élevage sont vivants, inventifs, ouverts aux échanges, mais aussi attachés à une identité forte.

En 2023, la Savoie comptait plus de 40 événements majeurs liés à l’agriculture, de la “Concours des Vaches Tarines” à Aime ou Chamousset, au Salon de l’Agriculture de Montagne à Chambéry (Source : Département de la Savoie). La fréquentation marque une résilience réjouissante : la foire de Saint-Martin-de-Belleville, par exemple, attire chaque automne jusqu’à 5000 visiteurs, habitants comme vacanciers curieux. Mais pourquoi ces événements demeurent-ils si vivants, et comment s’y engager pleinement, que l’on soit agriculteur, artisan, ou simple amoureux du terroir ?

Foires agricoles et pastorales : quels formats, quelles spécificités locales ?

Participer à une foire agricole ou pastorale, c’est avant tout comprendre la diversité de ce monde rural montagnard. On distingue principalement deux types d’événements :

  • Les foires d’animaux : défilés de troupeaux, concours de races locales (tarine, abondance, montbéliarde, etc.), ventes et démonstrations de savoir-faire liés à l’élevage.
  • Les marchés et expositions de produits du terroir : stands de fromages et charcuteries, artisanat, dégustations, rencontres autour de la transhumance ou des récoltes.

Les événements majeurs du calendrier local s’échelonnent de la fin de l’été aux premiers frimas, ponctuant le retour des estives et célébrant la diversité des métiers de la montagne. La "Grande Odyssée", la "Foire de Savoie" à Chambéry (plus de 90.000 visiteurs chaque année selon la CCI Savoie), ou encore la "Foire de la Saint-Michel" à Saint-Jean-de-Maurienne, structurent la vie rurale, permettent l'échange de bêtes, fixent les prix et entretiennent des réseaux précieux.

Pourquoi participer ? Des enjeux multiples, de la visibilité à la transmission

L’attrait pour ces foires ne se limite pas à la simple exposition : c’est tout un tissu humain qui s’y retrouve.

  • Pour les agriculteurs et éleveurs : valoriser leur production, défendre les races locales, rencontrer de nouveaux partenaires ou acquérir du bétail.
  • Pour les artisans : toucher un public sensibilisé, vendre en circuit court, montrer le geste, raconter le territoire à travers ses objets.
  • Pour les habitants, familles, jeunes générations : maintenir le lien villageois, éveiller les curiosités pour la montagne vivante, découvrir les métiers sous un autre angle, et transmettre une mémoire collective.
  • Pour les vacanciers : partager la convivialité, découvrir la richesse cachée derrière les paysages, et goûter à l’authenticité sans fard.

Un chiffre marquant : selon une étude de l’INRAE (2023), 82% des visiteurs venus sur une foire pastorale en Savoie déclarent avoir “appris quelque chose sur la vie rurale”, preuve de la dimension pédagogique de ces rencontres.

Comment s’inscrire en tant que participant ?

Pour les professionnels de l’agriculture et de l’artisanat

La plupart des foires sont organisées par des associations, la mairie ou une collectivité territoriale. Les inscriptions s’ouvrent généralement entre 2 et 6 mois avant l’événement. Voici les étapes-clés :

  1. Repérer la date : Par exemple, la “Foire d’Albertville” a lieu le dernier week-end de septembre, la “Foire pastorale de Beaufort” début octobre. Les sites officiels des mairies ou des offices de tourisme publient l’agenda, tout comme le site de la Chambre d’Agriculture Auvergne Rhône-Alpes.
  2. Préparer son dossier : Fiche d’inscription à télécharger, présentation de l’activité, certificat sanitaire pour l’élevage, assurance. Certains concours exigent aussi des preuves généalogiques pour les animaux.
  3. Déposer la demande à temps : Les places sont souvent limitées, surtout pour les stands avec accès électrique ou eau. Un numéro d’agrément (attribué par la Direction Départementale de la Protection des Populations) est indispensable pour toute vente agroalimentaire.
  4. Paiement des droits d’emplacement : Modéré pour les agriculteurs locaux, plus élevé pour les exposants hors territoire.

Pour les visiteurs et bénévoles

Sauf cas exceptionnel, l’entrée est libre pour le public. Il est possible de s’impliquer en amont, en rejoignant les équipes d’organisation (signalisation, buvette, animations). Il suffit alors de contacter la mairie ou l’association organisatrice, souvent reconnaissante des bonnes volontés, surtout lors des grands flux automnaux.

Préparer sa venue : astuces et bonnes pratiques du terrain

La réussite d’une participation, surtout dans un environnement montagnard, tient à quelques adaptations pratiques :

  • Météo : Le climat alpin réserve parfois des surprises ! Prévoir équipements de pluie, barnum solide, sangles, couvertures pour les animaux, protection solaire pour le public.
  • Logistique : Les parkings peuvent être éloignés ; il est conseillé d’arriver la veille, de repérer les points d’eau, consignes sanitaires et accès véhicules.
  • Signalétique personnalisée : Un stand bien identifié, avec le nom du village, du GAEC ou de la ferme, attire davantage l’attention qu’un simple barnum anonyme.
  • Dégustations et ateliers : Offrir un morceau de tomme ou organiser une démonstration (traite, fabrication de beurre, tonte) crée un contact direct et chaleureux.
  • Matériel : Prévoir rallonges électriques, panneaux d’information, sacs réutilisables pour la vente, et petits cadeaux (stickers, fascicules) aux intéressés.

Un petit détail qui change tout : l’odeur du foin frais, la chaleur d’une fondue partagée le midi… Les foires restent fines observatrices de la vie locale, jusque dans l’imprévu.

Concours, transhumances, traditions : vivre au rythme des temps forts

Il n’y a pas de foire sans ses concours de bétail, tant attendus. En Maurienne comme en Tarentaise, les vaches “reines” des troupeaux sont menées parée de cloches et de bouquets. L’enjeu n’est pas que symbolique : une génisse primée accroît la réputation de tout un élevage, avec un réel impact économique (en 2022, une tarine gagnante à la Foire d’Aiguebelle a été vendue 4300 euros, soit 30% au-dessus du prix moyen selon l’Association des Éleveurs de Tarines).

Les temps forts s’articulent souvent autour de :

  • Concours de fromages et dégustations à l’aveugle
  • Marchés de producteurs locaux et animations folkloriques
  • Défilés d’animaux, bénédictions ou transhumances collectives
  • Ateliers pédagogiques pour les scolaires

La présence d’enfants, de jeunes adultes, associée à une transmission du savoir – parfois avec des démonstrations en patois, des contes ou des jeux anciens – permet de faire vivre la culture locale au-delà de la simple transaction commerciale.

Valoriser sa participation : réseaux, communication, retombées

Participer à une foire ne s’arrête pas au jour J. Pour maximiser sa présence :

  • Communiquer en amont : Publier son inscription sur les réseaux sociaux, avertir la presse locale (Le Dauphiné Libéré, France Bleu Pays de Savoie), créer un petit événement Facebook.
  • Miser sur la rencontre : Échanger cartes de visite, coordonnées, catalogues – de nombreux partenariats commerciaux et projets communs naissent dans le sillage d’un stand partagé.
  • Documenter l’évènement : Prendre des photos, recueillir des témoignages de visiteurs, relayer les moments forts sur les sites des syndicats agricoles ou groupes locaux.
  • Analyse post-foire : Toute association sérieuse organise un bilan, propose parfois un “verre de l’amitié” et le partage d’expériences pour améliorer les éditions futures.

Le calendrier des foires agricoles et pastorales à ne pas manquer

Quelques dates incontournables pour 2024 en Tarentaise, Maurienne et alentours :

  • Foire des Bauges : mi-septembre, Le Châtelard – grande convivialité autour des tommes et génisses des alpages.
  • Concours de la race Tarine : octobre, Aime-la-Plagne – haut-lieu du monde bovin savoyard.
  • Foire d’Albertville : dernier week-end de septembre – marché, bétail, innovations agricoles.
  • Foire de la Saint-Michel : Saint-Jean-de-Maurienne, fin septembre.
  • Salon de l’Agriculture de Montagne : début novembre, Chambéry – rencontres et débats professionnels.

Au-delà de l’agenda officiel, il existe de nombreux petits rendez-vous : foires d’automne dans les villages perchés, marchés de la transhumance, ou journées portes ouvertes dans certaines fermes labellisées "Bienvenue à la Ferme".

Entre tradition et innovation : les foires, avenir de la ruralité alpine

Les foires agricoles et pastorales n’appartiennent pas qu’au passé. Leur dimension festive sert toujours les enjeux de demain : circuits courts, gestion durable des ressources, renouvellement des générations, adaptation au réchauffement (sources : INSEE, Chambre d’Agriculture Savoie Mont-Blanc).

Participer à ces rendez-vous, c’est jouer un rôle d’ambassadeur de la montagne vivante. Que ce soit derrière un stand, avec une vache à concours, ou simplement au détour d’un marché, chacun peut contribuer à faire vivre la ruralité alpine, la valoriser et dessiner sa modernité, dans l’élan des savoir-faire partagés.